"L'ordre juste"

Publié le par Eric Brassart

A propos de l’ORDRE JUSTE , et de la sécurité …

Segolène Royal a lancé la formule de l’ « ordre juste »  , en évoquant l’exigence de sécurité de nos concitoyens .

Juste , comme justice … Et , « justement » , la Commission parlementaire réunie pour analyser les mécanismes de la Justice dans l’affaire d’Outreau , a rendu son rapport : un travail remarquable , un véritable exercice de responsabilité populaire .

La justice est rendue au nom du Peuple français  , et il est normal que les représentants du peuple s’assurent du bon usage de cette délégation ; Curieusement ,  la qualité de ce travail a été mal soulignée , voire décriée dans les media : on s’attendait peut être à ce que les juges soient jugés… alors que la commission s’est attachée à la Justice plus qu’aux juges .

Du coup , le lien entre le bon exercice de la Justice et la sécurité a été occulté , alors même que le débat public sur la sécurité bat son plein .

La sécurité n’est pas qu’une affaire de police , ou d’armée ; le maintien de l’ordre public est certes l’alpha de la sécurité civile , mais il n’en est pas l’oméga . Il faut d’abord que l’ordre soit compris : l’ordre , c’est l’esprit de la république ; il touche au social , et il ne peut être admis et compris que s’il est « juste » .

La justice ne s’octroie pas , pas plus qu’elle ne se conquiert . Elle doit être le produit et le ciment d’un ordre juste, en procédant de la conscience à la fois individuelle et collective . Elle est d’ailleurs, un facteur d’intégration sociale et républicaine puissant .

Pour beaucoup d’entre nous , la justice est « en haut » . Mais elle est aussi « en bas » ,  et le sentiment de justice taraude notre vie au quotidien . Car , il n’est pas de vie collective , de collectivité, où chacun ne se confronte aux préjugés des autres ; pour les dépasser , il faut des règles , des lois , des moyens pour les faire appliquer … bref , ce qui fait de la justice une tâche pleinement exercée sur la pâte humaine.

Le sentiment que nous éprouvons face à un « jugement » est rarement « lisse » ou  « parfait » . Il est rare que nous ayons la conviction paisible que justice a été faite , et que notre âme peut être sereine…

Mais comment en serait il autrement  puisque  la Justice est casuelle , appliquée , vivante , concrète.

La Justice , écrit Spinoza , est une disposition  constante de l’âme à attribuer à chacun ce qui d’après le droit civil, lui revient.

 C’est pourquoi la Justice doit être équité .

L’équité est l’expression du jugement des hommes , la conscience faite juge , l’esprit des lois . Elle donne à la lettre de la loi , sa portée humaine et à l’homme sa grandeur . Elle est l’expression d’une volonté égalitaire , qui s’accomplit en prenant la mesure des inégalités naturelles . Pour y parvenir, l’homme doit corriger les apparences, pour adapter les jugements aux lois aveugles et systématiques .

Je comprends l’ordre juste appelé par S Royal , comme le règne de l’équité . C’est l’ordre qui accomplirait cette volonté souveraine d’équité de la conscience humaine .

 

La sécurité de notre vie collective y est évidemment indispensable . Le désir de sécurité trouve là sa légitimité .

 

Pour autant , la sécurité ne peut se résorber alors à un débat sur les moyens de police ou les règles de sécurité .

L’exercice de la justice ,  la vérification que les juges sont équitables , est une nécessité pour faire comprendre collectivement , et admettre les contraintes de la sécurité .

Pour refaire partager l’esprit républicain à toute notre société , il nous faut parler , clairement et sans tabou , de la sécurité et des moyens qu’elle implique , mais en la replaçant toujours au service de l’équité, de l’homme.

Publié dans brassart-matheron

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